Il y a un an, à la fin du mois d’août 2018, Mgr Jean-Luc Hudsyn publiait sa lettre pastorale lançant l’année Tous disciples en mission – L’audace d’une conversion et nous invitait à réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour devenir de vrais disciples-missionnaires, à la suite de l’invitation du pape François, notamment dans La joie de l’évangile.
Parmi les questions ouvertes présentes dans sa lettre, Mgr Hudsyn nous invite à chercher (page 10) : Quels espaces inventer pour échanger de façon ouverte, amicale – entre chrétiens et avec d’autres – sur les questions existentielles, éthiques, sociétales, environnementales que pose ce monde qui change et pour lesquelles nous cherchons tous des chemins qui soient porteurs de vie et d’avenir ?
Cette idée d’échange, de dialogue, de rencontre avec tous, y compris ceux qui pensent différemment de nous, paraît aujourd’hui très naturelle (même si nous ne la mettons pas toujours en pratique !). Dans l’histoire récente de l’Église, on peut considérer qu’elle a été introduite par le pape Jean XXIII qui, en convoquant le concile Vatican II (1962-1965), a voulu ouvrir l’Église sur le monde.
C’est probablement son successeur, le pape Paul VI, qui l’a « théorisée » dans Ecclesiam Suam, sa première encyclique.
Mais Paul VI ne l’a pas seulement théorisée : une illustration très concrète de son sens du dialogue est la rencontre que Paul VI eut, en 1964, avec le patriarche grec-orthodoxe Athénagoras à Jérusalem (photo plus bas), précédant la levée des excommunications réciproques orthodoxes-catholiques datant de… 1054 !
Un article paru sur le site Vatican News fait appel à un spécialiste de la pensée du pape Paul VI pour commenter cette encyclique, appelée l’encyclique du dialogue.
Pour répondre à l’appel de notre évêque, j’épingle quelques extraits de ce commentaire de l’encyclique, nous invitant à nourrir notre réflexion sur notre vocation à devenir, tous et chacun, disciples-missionnaires.
Montini (= le pape Paul VI), dès son plus jeune âge, avait ressenti la nécessité que l’Église, l’annonce chrétienne, retrouvent les moyens de communiquer avec la culture contemporaine et les décline. Il est vraiment arrivé au siège de Pierre avec ce concept important non seulement pour l’Église mais aussi pour la culture du dialogue.
Qu’est-ce que le pape Paul VI entendait par «dialogue» et, surtout, à qui s’adressait-il ?
Pour comprendre la nature du dialogue – comme Paul VI l’a voulu – il faut partir de ce que l’on pourrait définir comme sa dimension verticale: car le dialogue de Paul VI est avant tout le « colloquium salutis« , le colloque du salut, que Dieu lui-même commence par la Parole qui interpelle l’humanité, la Parole de sa révélation, la Parole par laquelle il dirige et sauve son peuple. Et c’est précisément parce que Dieu a commencé ce dialogue que Paul VI affirme que la mission de l’Église est d’introduire dans la conversation humaine cette Parole que Dieu lui a confiée, que les croyants doivent d’abord écouter et qu’ils doivent introduire dans le circuit de la conversation et du dialogue entre les êtres humains.
Paul VI, (…) à la fin du Concile, compare le travail du Concile à l’acte par lequel l’Église, comme le Bon Samaritain, se penche sur l’humanité de son temps. Il dit vouloir simplement « servir l’humanité ».
Le premier pas vers l’autre n’est-il pas celui d’un dialogue ? Celui qui est devenu saint Paul VI envisage cette voie du dialogue en « cercles concentriques » :
- avec tous nos frères chrétiens
- avec toutes les autres religions
- avec toute l’humanité.
La vocation missionnaire de l’Église et de chacun de ses membres a été développée par le même Paul VI dans son encyclique Evangelii nuntiandi, publiée en 1975.
Comme l’écrit Mgr Hudsyn, travaillons résolument pour devenir davantage une Eglise du ‘nous’ engagée dans la construction d’une plus grande communion, d’une plus grande fraternité entre les hommes (page 17).
Pour aller plus loin :
- Lire la suite de l’article sur Ecclesiam Suam.
- Lire l’intégralité de l’encyclique, rendez-vous ici.
- (re)découvrir le pape Paul VI : les films sur son pontificat sont commercialisés par Saje (bande annonce du premier épisode ci-dessous)
Illustration : Croire – La Croix
Anne-Elisabeth