Vous lirez ci-dessous des notes prises au cours de l’intervention du cardinal Jozef De Kesel lors de la journée du 20 octobre 2019 à Nivelles.
- Dieu veut se faire connaître
L’Eglise n’est pas simplement une institution qui s’occupe de la religion. Un institut pour les affaires religieuses. Si l’Eglise est là, c’est parce que Dieu l’a voulu. Depuis longtemps, déjà, depuis la vocation d’Israël. Il en a besoin pour se faire connaître. L’origine de l’Eglise s’enracine dans cette volonté de Dieu de se faire connaitre.
Il faut y insister dès le début : Dieu a voulu ce monde ; il l’a créé. Il n’est pas un dieu indifférent. Nous sommes connus et aimés de Dieu. Et Il veut à son tour être connu et aimé de nous. C’est inouï. C’est pourquoi il a besoin d’une Eglise : pour être connu et aimé par son peuple et pour se faire connaître aux autres.
- La mission de l’Eglise est double
Une communauté qui aime Dieu (par l’écoute de la Parole de Dieu, par la prière et la célébration de la liturgie et par la vie selon l’évangile et donc par la vie fraternelle). « Cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? » (EG 100)
Une communauté missionnaire : qui Le fait connaître. Pas une communauté où on se sent bien entre nous et où on ne s’intéresse plus à ce qui se passe ailleurs. Pas une Eglise repliée sur elle-même, mais une Eglise en sortie. Donc : une communauté qui rayonne. « Passer d’une pastorale de simple conservation à une pastorale vraiment missionnaire » (EG15) «L’Eglise existe pour évangéliser» (Paul VI)
Notre mission est double : être disciples et êtres missionnaires : « une mission enracinée dans une vie partagée avec le Christ » (Mgr Hudsyn) «Nous ne disons plus que nous sommes disciples et missionnaires, mais toujours que nous sommes disciples-missionnaires » (EG120)
- Faire connaître Dieu
Il ne s’agit pas de faire connaître une doctrine, un système ou une idéologie et d’essayer de convaincre. Il s’agit de faire connaître Dieu. Mission délicate car ce n’est que Dieu lui-même qui peut se faire connaître … à travers nous
Par la proclamation de la Parole et de l’évangile (l’importance de la catéchèse, de la liturgie, de l’homélie, des cours de religion, des préparations au sacrements d’initiation). Et n pas être gêné d’être chrétien, ne pas se cacher !
Par le témoignage d’une vie selon l’évangile. Pas une Eglise cléricale qui s’impose et se sent supérieure aux autres, mais en vivant l’évangile en toute simplicité et humilité. Par la qualité de nos communautés, le témoignage d’une vie familiale ou professionnelle. Surtout aussi par notre présence dans la société. Les joies et les espoirs mais aussi les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, ce sont aussi les nôtres. En tant que chrétiens nous sommes des citoyens responsables à part entière. Pas de privatisation de notre foi !
- L’importance de la rencontre
Comme Jésus : « Là où il passait, Jésus faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable (diviseur) car Dieu était avec lui » (Ac 10,38) Mgr Hudsyn : « Il relève ; il sème des germes de résurrection en ceux qui s’y rendent disponibles ».
La rencontre est toujours gratuite. On n’a rien à imposer. Mais on veut rencontrer, aller à la rencontre de l’autre. Sans arrière-pensée. Pas par prosélytisme : pas pour « faire des disciples » ! « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand c’est arrivé, vous faites de lui un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous ! » (Mt 23,15)
« L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction » (EG 14) « L’Evangile nous invite toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes, avec sa joie contagieuse dans un constant corps à corps. » (EG88)
« Etre disciples c’est avoir la disposition permanente de porter l’amour de Jésus aux autres, et cela se fait spontanément en tout lieu. Dans cette prédication, toujours respectueuse et aimable, le premier moment consiste en un dialogue personnel, où l’autre personne s’exprime et partage ses joies, ses espérances, ses préoccupations pour les personnes qui lui sont chères, et beaucoup de choses qu’elle porte dans son cœur. C’est seulement après cette conversation, qu’il est possible de présenter la Parole ». (EG128)
Ou mieux : c’est déjà dans cette rencontre de par sa qualité humaine que l’Evangile s’annonce ! MgrHusyn : Le Seigneur nous précède dans l’autre. A proprement parler, notre mission n’est pas d’apporter à l’autre la personne du Christ ; elle est plutôt de lui révéler cette présence cachée au plus intime de lui-même .
- L’importance de l’écoute
Annoncer l’évangile ce n’est pas d’abord prendre la parole. C’est d’abord écouter. Comme Jésus dans sa rencontre avec les disciples d’Emmaüs : « De quoi discutez-vous en marchant ? »
«Il faut se former continuellement à l’écoute de la Parole. L’Eglise n’évangélise pas si elle ne se laisse pas continuellement évangéliser. Il est indispensable que la Parole de Dieu devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale. » (EG174)
Pour conclure :
- Danger de la routine. Faire ce qu’on a toujours fait.
- Tout ne dépend pas de nous. Nous ne devons pas convertir tout le monde. L’Eglise ne sera jamais le monde. Elle est signe de l’amour de Dieu dans le monde.
- Dieu est Dieu. C’est lui qui est à l’œuvre. Nous ne sommes que les témoins de cette œuvre de salut. Ubi caritas, Deus ibi est.